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Compte de résultat : les 9 termes à connaître absolument

Aujourd’hui, on va commencer à voir comment étudier soi-même une entreprise, afin d’estimer sa valorisation future. Pour cela, il y a un passage obligatoire : lire et comprendre son compte de résultat.

 

Si vous souhaitez acheter les actions d’une entreprise en particulier, il va vous falloir la connaître et la comprendre dans les moindres détails.

Dans quel secteur évolue-t-elle ? Qui sont ses concurrents ? etc… et finalement, comment génère-t-elle ses revenus ?

Pour ce dernier point, il va falloir apprendre à lire son compte de résultat, et ça tombe bien, c’est notre sujet du jour !

Let’s go !

NB : Dans cet article, je vous mettrai entre parenthèses les noms des différents termes techniques en anglais. C’est toujours utile, car même si vous ne souhaitez pas étudier des sociétés internationales, certaines entreprises françaises publient aussi en anglais pour attirer les investisseurs internationaux.

C’est quoi un compte de résultat ?

Un compte de résultat (income statement) permet d’avoir le détail des profits, ou des pertes, d’une entreprise sur une période donnée.

Il est pour cette raison aussi appelé parfois le « P&L » pour « Profit and Losses » ou « Pertes et Profits » en français. (Il est marrant de noter qu’en français, on énonce le mot « pertes » en premier, culturellement défaitiste en France ?).

Pour savoir comment une entreprise génère ses profits, ou engendre des pertes donc, le compte de résultat va détailler l’ensemble des revenus et des dépenses de l’entreprise.

Le compte de résultat d’une société côté en Bourse est publié à intervalle de temps régulier. Il est en général publié chaque trimestre, mais il peut aussi être publié une fois par an, voire chaque semestre.

En tant qu’investisseur, nous pouvons donc avoir un aperçu de comment l’entreprise évolue et se développe, tous les 3 mois.

À noter que ce compte de résultat est aussi utile à l’administration fiscale, puisque l’État taxe les profits de l’entreprise.

Pour valoriser une entreprise : l’importance du PER

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut comprendre le pourquoi. À quoi ça sert de savoir lire un compte de résultat ?

L’intérêt d’être actionnaire d’une entreprise, c’est que l’on a éventuellement le droit de toucher une partie de ses bénéfices.

Pour rappel, lire l’article : C’est quoi une action en Bourse ?

Prenons une entreprise qui génère 1 million de chiffre d’affaires. Si elle dépense 1 million d’euros en coût de production, pour payer ses employés, ses loyers… elle ne réalise aucun bénéfice.

Il vaut parfois mieux investir dans une entreprise qui génère moins de chiffre d’affaires mais qui produit plus de bénéfice, car elle a moins ou gère mieux ses dépenses.

Le PER : un indicateur clé

C’est là que rentre en jeu le PER, pour « Price to Earning Ratio » (oui, celui-ci est en anglais pour tout le monde). Le PER est un ratio entre le prix que vous allez payer la société dans laquelle vous souhaitez investir divisé par ses bénéfices nets.

C’est très pratique, car en un coup d’œil on voit si l’entreprise qui nous intéresse est chère ou non. Pour un PER élevé, cela veut dire que l’entreprise est très valorisée par rapport à ses bénéfices, et inversement.

Le chiffre varie évidemment d’un secteur et d’une société à l’autre, mais pour vous donner un ordre d’idée, pour une société mature on estime généralement qu’un PER autour de 20 est correct.

Prenons un exemple pour bien comprendre :

La société A fait 2 millions de bénéfices. En bourse, elle est valorisée à 40 millions d’euros.

PER = Capitalisation boursière / Bénéfice net de l’entreprise

Ici, le PER de notre société est de 20 (= 40/2)

Qu’est-ce que ça représente concrètement ce PER ?

Un PER de 20 veut dire que l’entreprise réalise des bénéfices correspondant à 5% de sa capitalisation. En effet, si on prend le sujet à l’envers, 2 millions de bénéfices pour 40 millions de capitalisation, on obtient bien 5% de bénéfices nets (= 2/40).

Ainsi, si l’entreprise venait à distribuer la moitié de ses bénéfices à ses actionnaires sous forme de dividende, vous auriez un rendement sur investissement de 2,5%.

Ce qui impacte le PER

Seulement dans la vraie vie, ce n’est pas si simple.

L’influence des taux « sûrs »

Reprenons l’exemple du dessus : une entreprise avec un PER de 20 avec un taux de distribution de 50% (elle distribue 50% de ses bénéfices nets sous forme de dividendes). On a donc un investissement en Bourse – qui implique donc des risques – avec un rendement du dividende de 2,5%.

Imaginons maintenant que le taux du Livret A, placement réputé être le plus sûr, passe à 2,5%.

Est-il intéressant de prendre un risque en investissant en Bourse lorsque l’on a la possibilité d’avoir un rendement garanti de 2,5% ?

Alors certes, vous allez me dire qu’en plus des 2,5% de rendement du dividende, l’action peut aussi voir son prix augmenter, ce qui améliore son rendement global. Mais son prix peut tout aussi bien baisser.

Pour la plupart des investisseurs, le choix de la sécurité l’emporte.

Par contre ! Les investisseurs vont peut-être être prêts à prendre un risque pour un rendement de 5% en Bourse, contre un rendement sûr de 2,5% sur le Livret A (il faut que le risque en vaille la peine).

Si l’entreprise à un taux de distribution de 50%, un rendement de 5% nécessite que l’entreprise ait un bénéfice équivalent à 10% de sa capitalisation. Autrement dit, un PER de 10, et non plus de 20.

C’est ce que l’on appelle la contraction du PER.

Autrement dit, si mon action coûtait 100€ à un PER de 20, elle n’en vaudra maintenant plus que 50€ avec un PER de 10.

C’est très imagé et simplifié, mais le but est de vous faire comprendre l’idée.

Lorsque les taux d’intérêt montent, les PER ont tendance à se contracter, ce qui fait baisser le prix des actions.

Les entreprises en forte croissance / décroissance

Outre les taux, ils existent aussi des entreprises ayant des PER extrêmement élevés.

Mais alors pourquoi, puisque je viens de vous dire qu’un PER au-dessus de 20 était généralement considéré comme élevé pour une entreprise mature ? L’important ici est le mot mature.

On ne peut pas donner à une entreprise en forte croissance, avec des profits en augmentation de 100% chaque année, un PER de 20. Elle serait extrêmement sous-cotée. En effet, l’année suivante et à prix constant, son PER passerait à 10, puis de 5, et ainsi de suite.

PER Amazon 2018-2021
PER de l’entreprise Amazon, de 2018 à 2021

Si on prend l’exemple d’Amazon, la société a très longtemps eu un PER supérieur à 100, voire même pas de PER du tout. Amazon investissait tellement agressivement pour se développer le plus rapidement possible, qu’elle ne générait aucun profit.

Et c’est là que ça devient extrêmement compliqué (et extrêmement intéressant).

Tout comme un PER très élevé ne veut pas forcément dire que la société est beaucoup trop chère, un PER très faible ne veut pas dire que c’est une bonne affaire.

Une société en rapide déclin, qui verra ses bénéfices chuter d’année en année, aura un PER faible, mais cela n’est pas bon signe. Une société qui aurait un PER de 10, mais qui perdraient 50% de ses bénéfices par an se retrouverait avec un PER de 20 l’année suivante, puis 40, puis 80, etc.

Autrement dit, pour valoriser une entreprise, il faut estimer ses bénéfices futurs. Il suffit simplement de voir l’avenir, ce n’est pas si compliqué !

Je clôture ce point sur le PER, qui est un indicateur intéressant pour valoriser une entreprise. Mais je m’égare par rapport à notre sujet… nous verrons en détail tous les indicateurs techniques pour étudier une société dans un prochain article.

Avant d’estimer les bénéfices des prochaines années, il faut d’abord comprendre comment l’entreprise génère ses profits aujourd’hui : on en revient donc à notre compte de résultat.

Comment lire un compte de résultat

Un compte de résultat est une cascade d’étapes qui nous permet de passer du revenu que génère l’entreprise en entrée aux bénéfices (ou pertes) qu’elle obtient finalement après avoir réalisé toutes ses dépenses nécessaires.

Encore une fois, je vais énormément simplifier pour une meilleure compréhension, les comptes de résultat peuvent en réalité être bien plus complexes que ça.

Voilà à quoi ça ressemble :

Compte de résultat simplifié - Le Coq de Wall Street

1. Chiffre d’affaires (Revenue)

C’est la somme d’argent total que l’entreprise a reçu sur la période de temps donnée, en échange de ses produits et/ou de ses services.

2. Coût des biens vendus (Cost of goods sold)

Cette somme représente le coût total des dépenses directement nécessaires à la production des produits et/ou services de l’entreprise. Le mot important ici est directement.

Pour vous donner un exemple concret, les coûts des biens vendus pour un téléphone vont être :

  • Les différents métaux du téléphone
  • Les puces électroniques
  • Le packaging
  • La main d’œuvre nécessaire à l’assemblage

3. Bénéfice brut (Gross profit)

Le bénéfice brut est l’argent restant après avoir retiré le coût des biens vendus du chiffre d’affaires.

4. Coût des opérations (Operating expense « OPEX »)

Le coût des opérations, souvent appelé OPEX, est le coût nécessaire à faire tourner les opérations de l’entreprise. On y retrouve le coût du loyer, des équipements, les assurances, le marketing, l’administratif, etc.

En bref, tous les coups « support » à la vente.

5. Résultat d’exploitation (Operating income « EBIT »)

Le résultat d’exploitation est l’argent restant après avoir retiré le coût des opérations du bénéfice brut.

Le résultat d’exploitation montre le réel bénéfice que fait une entreprise en exerçant son activité.

Il est aussi appelé « Bénéfice avant intérêts et impôts » ou BAII (EBIT pour Earnings before interest and taxes en anglais).

6. Intérêts (interests)

Celui-ci est relativement simple à comprendre, il représente le montant total des différents intérêts payés sur la période.

7. Bénéfice avant impôts (Earnings before taxes « EBT »)

C’est le BAII moins le I, puisque les intérêts sont soustraits.

8. Impôts (taxes)

Ce montant-là, tout le monde le connaît.

C’est l’ensemble des impôts payés par l’entreprise à l’État.

9. Bénéfice net (Net income)

Wooo, on arrive au bout !

Après avoir soustrait tous ces différents coûts, on obtient le bénéfice net de l’entreprise, ses profits.

Ultimement, la valorisation d’une entreprise ne dépend que de ce chiffre. Que ce soit ses profits actuels pour une société bien établie, ou ses profits futurs estimés par l’ensemble des investisseurs présents sur le marché.

Pour rendre ce chiffre plus parlant, on le divise en général par le nombre d’actions de la compagnie. Si l’entreprise fait 1M€ de bénéfice net et qu’elle a 10 000 actions en circulation, son bénéfice par action, ou BPA, est de 100€ (1M€ / 10k actions = 100€ de BPA).

C’est maintenant un peu plus parlant. Ainsi, si le prix de l’action est à 2000€, alors le PER de cette société sera de 20 (= 2000/100).

Passons maintenant à l’étude d’un cas concret avec la société la plus connue du monde (c’est pas moi qui le dis, c’est Fortune)

Exemple : le compte de résultat d’Apple

Compte de résultat Apple 2021
Extrait du rapport annuel d’Apple, disponible sur le site des investisseurs

Tout d’abord, on remarque qu’un vrai compte de résultat contient plus de lignes que celui que je vous ai présenté, beaucoup plus minimaliste.

Comme on le voit ici, le chiffre d’affaires peut être explicité en fonction de différents produits et/ou services, de même pour les coûts, etc.

Second point très important, on remarque que le compte de résultat présente toujours les données de la même période de temps (ici 12 mois) de l’année précédente (pour Apple ici, des deux années précédentes).

Si une compagnie présente ses résultats de l’année 2021, ils seront à comparer avec les résultats de l’année 2020. Si elle présente les résultats du premier trimestre 2022, ils seront comparés à ceux du premier trimestre 2021.

Cette comparaison est très importante, puisqu’elle permet à l’investisseur en devenir que vous être d’avoir une idée de la trajectoire de la compagnie. En effet, une entreprise est toujours valorisée par rapport à son avenir, rarement par rapport à son présent et encore moins par rapport à ce qu’elle a fait dans le passé.

Les chiffres d’Apple

Ce rapport nous montre qu’Apple a fait un chiffre d’affaires (total net sales) de 365,8 milliards de dollars en 2021 (oui, l’année fiscale d’Apple se termine en septembre).

Là-dessus, ils ont un coût des biens vendus (total cost of sales) de 213 milliards de dollars.

Ce qui leur fait un bénéfice brut (gross margin) de 152,8 milliards.

En divisant le bénéfice brut par le chiffre d’affaires total, on obtient la marge brute (gross profit margin). En 2021, la marge brute d’Apple est de 43,4% (= 152,8 / 365,8).

À cette marge brute (ou bénéfice brut), on retire le coût des opérations (total operating expenses) de 43,9 milliards.

On obtient donc un résultat d’exploitation (operating income) de 108,9 milliards (= 152,8 – 43,9).

De ce résultat d’exploitation, Apple retire les intérêts et autres revenus/pertes du business pour arriver à un bénéfice avant impôts (income before provision for taxes) de 109,2 milliards.

On retire la provision pour impôts (provision for income taxes) de 14,5 milliards et…

Hourra ! On obtient bénéfice net d’Apple pour 2021 : quatre-vingt-quatorze virgule soixante-huit milliards de dollars !

En dessous de ce chiffre absolument gigantesque, on retrouve le nombre d’actions Apple en circulation. Et là, petite explication : il y a les nombres d’actions basiques et le nombre d’actions diluées… qu’est-ce à dire que ceci ?

Pour les actions basiques, c’est simple (basique). Ce sont toutes les actions possédées par l’ensemble des investisseurs.

Les actions diluées, c’est l’ensemble total des actions, en plus des actions possédées par les investisseurs, si toutes les actions « promises » par l’entreprise étaient émises. Les options d’achat d’actions (stock option) par les employés, une entreprise peut aussi émettre des obligations convertibles en actions, etc. Il existe de nombreux moyens pour une entreprise d’émettre de nouvelles actions, que ce soit pour se financer ou autre.

Maintenant que vous savez tout, vous n’avez plus qu’à diviser le bénéfice net de l’entreprise par son nombre d’actions pour avoir le bénéfice par action (basique et diluée).

On obtient ainsi pour Apple un BPA de 5,67 $. Avec un prix de l’action aux alentours de 170$ pour Apple, début 2022, son PER est donc de 30.

 

Et voilà pour le compte de résultat, j’espère qu’avec cet article, vous n’aurez plus peur de ce mot qui en effraie plus d’un.

Alors certes, les comptes de résultat d’entreprises peuvent être bien plus compliqués que la version simplifiée que je vous ai présentée. Mais vous pourrez toujours vous raccrocher à cet article pour en comprendre la structure, puisque les 9 termes explicités ici seront forcément présents.

Une fois le compte de résultat bien compris, vous verrez qu‘il existe plusieurs indicateurs, en plus du PER, pour essayer de valoriser au mieux une entreprise. Mais ça, ça sera pour une prochaine fois !

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