Aujourd’hui, on va mettre la théorie en pratique, et étudier concrètement si l’investissement programmé, ou méthode DCA, fonctionne réellement.
Cet article fait directement suite à mon article sur la méthode DCA, alors n’hésitez pas à aller le lire avant de rentrer dans le vif du sujet.
Pour notre étude, on va dans un premier temps s’intéresser à notre indice national, le CAC40.
On verra ensuite ce que la même stratégie donne sur l’indice de la première économie capitaliste au monde, à savoir le S&P500.
Et évidemment, on finira par une petite comparaison des rendements entre ces deux indices.
Utiliser l’investissement programmé tout au long de sa vie
Pour mes études, il a fallu que je pose certaines variables.
Tout d’abord, et vous le savez si vous me suivez depuis longtemps, je suis un fervent défenseur de l’investissement long terme.
C’est pourquoi j’ai voulu me baser sur une durée d’investissement de 40 ans.
Comme quelqu’un qui commencerait à investir à 25 ans, et ce jusqu’à sa retraite, à 65 ans.
Cependant, la première cotation du CAC40 a eu lieu fin décembre 1987.
J’ai donc pris les données du CAC40 de janvier 1988 à juillet 2022. Et pour le S&P500, du mois d’août 1982 à juillet 2022.
Pour la fréquence, je considère un investissement mensuel en début de chaque mois. J’ai donc choisi le prix d’ouverture mensuel des deux indices.
Et enfin pour la somme investie : 200€ par mois.
Dans les faits, au cours d’une vie, on a tendance à moins investir lorsque l’on est jeune, car on a moins de revenus. Et les placements augmentent au fur et à mesure que les années passent.
Pour notre étude, et pour simplifier les choses, j’ai choisi de rester sur la somme constante de 200€.
L’investissement programmé sur le CAC40
Dans un premier temps, rappelons-nous ce qu’est le vrai rendement du CAC40.
Il ne faut pas confondre le CAC40, qui est l’indice qui représente la valeur des 40 plus grandes capitalisations boursières françaises, et un investissement dans un ETF CAC40.
En effet, alors que l’indice CAC40 permet de suivre la santé de l’économie française et ne prend pas en compte les dividendes que versent ces sociétés, investir dans un ETF CAC40 permet de toucher ces dividendes.
Le rendement est donc totalement différent !
Méthode DCA sur le CAC40
En janvier 1988, le CAC GR a ouvert à 984,64€ (prix converti évidemment).
En juillet 2022, il a ouvert à 17 165,44€, soit un gain de 1643% en 34 ans et demi.
Sur la période, en plaçant 200€ par mois sur un ETF CAC40 GR (si celui-ci avait existé), vous auriez placé un total de 83 000€.
En juillet 2022, cet investissement aurait une valeur totale de 320 140,45€.
Ainsi, pour un investissement programmé de 200€ par mois dans le CAC 40 avec dividende réinvesti, de janvier 1988 à juillet 2022, le rendement est de 6,63% par an.
C’est un peu en deçà de ce que l’on peut normalement espérer d’un investissement en Bourse.
Cependant, vous l’aurez remarqué, nous sommes actuellement en pleine crise suite au Covid 19, à l’inflation et au conflit en Ukraine.
Dans notre exemple, le portefeuille est donc à un point bas (ou du moins proche de celui-ci) et une fois les choses apaisées, le CAC 40 pourra à nouveau tendre vers son rendement moyen d’environ 7% par an.
En effet, si nous excluons ces derniers mois de crise de notre étude, pour finir notre étude au mois de janvier 2022, le portefeuille a un rendement annualisé de 7,54%.
Conclusion sur la méthode DCA
On voit ici tout l’intérêt de l’investissement programmé, ou Dollar Cost Averaging.
En investissant régulièrement, le même jour et la même somme, sans stress et sans perdre de temps, on obtient le rendement moyen de l’indice dans lequel on investit, sur le long terme.
La stratégie DCA sur le S&P500
Pour notre étude de la méthode DCA sur le S&P500, on va considérer tous les investissements en dollar, pour simplifier les choses.
Johnson Décéha (c’est son nom), commence donc à investir à ses 25 ans, en août 1982.
À cette date-là, le S&P500 a une valeur de $ 109,7.
Johnson prend sa retraite en juillet 2022, le S&P500 a alors une valeur de $ 3 825,3 soit un gain de 3387% en 40 ans, SANS prendre en compte les dividendes !
En 40 ans, en plaçant ses $ 200 tous les mois, Johnson a donc investi un total de $ 96 000.
En juillet 2022, son portefeuille boursier à une valeur de $ 1 210 982 !
Sans réfléchir, sans se stresser, en investissant toujours la même somme à chaque début de mois, notre ami Johnson a donc obtenu un rendement moyen annuel de 9,86% !
Et une fois encore, cette étude est réalisée en pleine crise.
Avant celle-ci, le rendement moyen du S&P500 dividende réinvesti était de 10,7% par an.
Investissement programmé dans le CAC40 ou dans le S&P500 ?
Petite analyse bonus, puisque je pense que l’intérêt de l’investissement programmé est maintenant clair pour vous.
Mais pour quelqu’un qui n’y connaît rien, faut-il mieux utiliser la méthode DCA en investissant dans le CAC40 ou dans le S&P500 ?
La réponse tout de suite en image :
Alors certes, il y a des approximations, puisque par simplification j’ai considéré ici que tout était en euro.
Mais les rendements sont corrects, et historiquement l’indice américain surperforme le CAC40 de 2 à 3% par an en moyenne.
Morale de l’histoire
Si vous souhaitez jouer le jeu du capitalisme et investir en Bourse, faites-le dans une économie à 100% capitaliste, aux États-Unis.
C’est pour cela que dans mes différents articles sur les ETF, dont celui où je vous aide à choisir un ETF, j’ai du mal à vous recommander le CAC40.
Tournez-vous plutôt vers un ETF Monde (composé à majorité d’entreprises américaines) tel que le MSCI World ou carrément vers les indices américains.
J’espère que cet article où je vous présente des données sous forme de graphique vous a plu.
N’hésitez pas à me faire savoir si vous souhaitez voir plus d’articles de ce type sur mon blog.
Et pour ceux qui vont me dire qu’il s’agit ici d’une étude faite sur une période précise, et que si nous refaisions la même dans 5 ans les chiffres seraient totalement différents.
Je réponds ceci : certes, les performances passées ne présagent pas des performances futures.
Et même si mon étude porte sur un cas bien précis, de très nombreuses autres aboutissent sensiblement aux mêmes chiffres de rendements.
Vous pouvez retrouver certaines de ces études dans mon article : 7 idées reçues sur la Bourse
Comme d’habitude, pour toute question ou remarque, vous avez les commentaires. À très bientôt pour le prochain article !
2 Commentaires
Nina Aurele
Bonjour, Merci pour cet article bien clair. J’ai deux une question.
Si,
1. Lorsqu’on passe par un broker qui ne pratique pas les « morceaux » d’ETF. C’est à dire qu’il n’est possible d’acheter qu’un nombre entier;
Et,
2. On souhaite faire du DCA pour un montant fixe chaque mois, et qu’on a 3 ETF en portefeuille:
Question: Faut-il diviser le montant mensuel par le nombre d ETF et allouer la même proportion à chacun? (Par exemple: 50euros par ETF si on met 150e par mois. Ce qui peut donner 1 unité pour l ETF A et 4 unités pour l ETF B). Ou alors faut il faire un calcul au regard de la valeur unitaire de l ETF et adapter le nombre d’unités achetée par ETF en fonction du montant mensuel?
Merci pour la réponse.
Le Coq de Wall St
Bonjour Nina,
Très bonne question, merci pour ton commentaire.
L’idée de la méthode DCA est d’investir toujours la même somme (pour moyenner le coût de revient de ton investissement) à intervalle de temps régulier (pour lisser les mouvements de la Bourse).
Dans ton cas, si tu souhaites investir 50€ répartis sur 3 ETF dont l’un coûte 150€ par exemple, et bien pour cet ETF en particulier tu achèteras une part tous les 3 mois. Sur le long terme, que tu aies acheté une part à 50€ tous les mois ou une part à 150€ par trimestre, cela revient au même.
Après, tu n’es pas obligé de répartir équitablement ton investissement entre tes 3 ETF. Tu peux surpondérer l’un ou l’autre, celui qui te paraît plus sécurisant ou qui a un meilleur rendement sur le long terme (qu’importe le critère) par exemple, et répartir en 100/25/25 par exemple. L’important est d’être régulier et de ne pas se laisser aller au trading en pensant que l’on peut acheter au plus bas et vendre au plus haut, ce que même “les experts” ne savent pas faire.
Si je dois te donner mon point de vue maintenant, je te conseillerais de te concentrer sur un seul ETF, le plus sûr et avec un très bon rendement sur le long terme (type MSCI World ou S&P500). Au début, on veut souvent “diversifier” car c’est ce qu’on nous répète depuis toujours, et puis on peut être excité à l’idée d’investir et d’acheter plusieurs instruments financiers. Mais il ne faut pas oublier qu’un ETF est lui-même déjà composé de centaines voir de milliers de compagnies, de divers secteurs et de nombreux pays (pour les ETF que j’ai mentionnés plus tôt), ils sont donc déjà extrêmement diversifiés.
Lorsque l’on commence et que l’on place de “petites sommes d’argent” au regard du prix d’un ETF, il vaut mieux se concentrer sur un seul afin de construire une belle position sur celui-ci. Quitte à “diversifier” sur un second ETF (s’il y a un réel intérêt à avoir ce second ETF en portefeuille, la plupart des ETF génériques étant en général constitués des mêmes entreprises), dans un second temps.
J’espère que ma réponse est claire, n’hésite pas à me dire si ce n’est pas le cas ou à revenir vers moi si tu as d’autres questions.
Au plaisir de te lire à nouveau dans les commentaires, de cet article ou d’un autre. 🙂