Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Pourquoi les investisseurs ont-ils peur de l’inflation ?

Dans cet article, on va répondre à une question que l’on me pose souvent : pourquoi les investisseurs ont-ils peur de l’inflation ?

Le mot inflation ne vous est surement pas inconnu, on en entend régulièrement parler, au moins une fois par an. En France, c’est en général pour dire que le prix de la baguette de campagne a augmenté de quelques centimes.

Mais c’est quoi exactement l’inflation ?

Et pourquoi fait-elle si peur aux marchés financiers ?

C’est ce que l’on va voir dans cet article.

Qu’est-ce que c’est l’inflation ?

L’inflation, c’est la perte de valeur de la monnaie, ce qui entraîne une augmentation des prix.

Par exemple, une baguette de pain coûtait 0,25€ en 1980, elle en coute aujourd’hui environ 1€.

Notre argent a perdu de la valeur, 1€ d’aujourd’hui permet d’acheter une baguette alors que 1€ de 1980 permettait d’acheter 4 baguettes.

Du coup, quand on entend que l’inflation a été de 2% sur une année, cela veut dire que l’ensemble des prix des biens de consommation a augmenté de 2% en moyenne. Par exemple avec 2%, si notre baguette coûtait 1€ l’an dernier, elle coute désormais 1,02€.

Mais attention, l’inflation ne veut pas forcément dire que le coût de la vie augmente. La baguette était 4 fois moins cher il y a 40 ans, d’accord, mais le SMIC était à l’époque de 323€ (en équivalent, 1€ = 6,5595 francs), contre 1498€ aujourd’hui. Autrement dit, en termes de baguettes, celles-ci coûtent moins cher en 2021 qu’en 1980 (0,078% d’un SMIC en 1980 contre 0,067% d’un SMIC de 2021).

Par contre, il faut avoir conscience que l’inflation est très dure à calculer (voir impossible) pour des produits technologiques. Prenons l’exemple du téléphone :

Peut-on vraiment comparer le prix d’un téléphone d’il y a 20 ans qui servait uniquement à… téléphoner, avec un smartphone actuel qui permet de téléphoner, de faire des visioconférences, d’aller sur internet, de gérer ses comptes en banques, etc. ? Pas vraiment…

Il faut donc bien faire la différence entre inflation et progrès technologique, qui implique plus de composants et de services, donc un prix plus élevé.

Comment est calculée l’inflation ?

« Mais c’est vrai ça, comment on la calcul du coup ? »

Lorsque l’on parle de l’inflation en France, on parle en réalité de l’augmentation des prix de certains biens de consommation courante des ménages français.

Un « panier » censé être représentatif de ces biens est créé. Il est pondéré en fonction de la fréquence de consommation de ces biens et de leur prix.

Ensuite, c’est assez simple, on regarde l’évolution du prix de ce panier. S’il coûtait 100€ l’an dernier et qu’il en coûte désormais 101€, alors il y a eu 1% d’inflation sur l’année passée.

Il faut avoir conscience de cela lorsque l’on parle des taux d’inflation, car il s’agit bien d’un panier moyen. Les végétariens ne seront pas soumis au même taux d’inflation si la viande représente une majeure partie du panier, par exemple.

Voici le tableau de l’évolution de l’inflation en France de 1991 à 2020 avec :

  • En orange, le taux d’inflation annuel
  • En rouge, la courbe de l’équivalence avec 1€ de 1990 (exemple : 1€ de 1990 permet d’acheter la même chose que 1,55€ de 2020)
Graphique de l'inflation en France de 1991 à 2020
Source des données : Insee.fr

À quoi est due l’inflation ?

De façon générale, les prix des biens et des services sont fixés en fonction de l’offre et de la demande.

Plus il y a de demandes pour un même produit, plus le prix de celui-ci a tendance à monter.

L’inflation peut avoir de nombreuses causes, mais les deux principales (et les plus simples à comprendre) sont :

  • L’augmentation de la masse monétaire
  • L’augmentation de la demande

1. L’augmentation de la masse monétaire

Lorsque les banques centrales créent de l’argent, elles augmentent la masse monétaire globale. Autrement dit, il y a plus d’argent en circulation.

« Très bien, mais alors en quoi ça fait monter les prix cette histoire ? »

Prenons un exemple très simplifié pour mieux comprendre :

Imaginons que la masse monétaire soit de 10 000€ et que l’offre soit de 10 téléphones.

Le prix du téléphone est alors fixé à 1000€ pour écouler toute l’offre.

Maintenant, si la quantité d’argent en circulation passe à 20 000€ mais que l’offre reste à 10 téléphones, le prix de ceux-ci va passer à 2000€.

Encore une fois, je simplifie énormément, mais l’idée est là : si le pouvoir d’achat des consommateurs augmente, mais que l’offre de produit n’augmente pas en conséquence, ce sont les prix qui vont monter.

2. L’augmentation de la demande

Cette inflation se ressent lorsque l’offre n’arrive plus à suivre une demande croissante.

On voit très bien ce phénomène se produire dans l’immobilier. Quand tout le monde veut aller vivre au même endroit, mais qu’il n’y a plus de place pour construire de nouveaux logements, les prix des maisons/appartements existants augmentent.

Si l’on reprend l’exemple de la baguette, c’est souvent de là que vient l’augmentation de son prix. Pas vraiment d’une augmentation de la demande, mais plutôt d’une baisse de l’offre (ce qui revient au même) de blé. Dû à de mauvaises conditions climatiques, moins de blé conduit à moins de farine, ce qui fait augmenter son prix, qui se répercute inévitablement sur le produit final, la baguette.

Vous aimerez aussi l’article : Le pouvoir des intérêts composés

Y aura-t-il de l’inflation post-COVID ?

Pour faire une petite parenthèse sur l’actualité, vous comprenez maintenant pourquoi les économistes ont peur de l’inflation post-COVID 19.

En effet, on a en 2021 plusieurs effets combinés avec :

  • un fort accroissement de la masse monétaire réalisé par les banques centrales pour contrer les effets de la pandémie sur l’économie
  • Une forte demande avec des personnes qui ont subi plusieurs confinements et veulent retrouver leur vie d’avant. Ces mêmes personnes qui ont bien plus d’argent à dépenser du fait que tout a été fermé pendant un long moment
  • Une offre qui va avoir du mal à suivre avec de nombreux secteurs d’activités qui n’ont toujours pas retrouvé leur capacité de production de pré-pandémie.

Seul l’avenir nous le dira.

Pourquoi l’inflation fait-elle peur aux investisseurs ?

L’inflation « classique » de quelques pourcents est, elle, nécessaire. En effet, imaginez un monde où votre argent aurait toujours la même valeur et où les prix ne bougeraient jamais ou pire, s’ils diminuaient (déflation).

Cela peut vous paraître souhaitable au premier coup d’œil, mais réfléchissons un peu plus loin. Si les prix restent constamment les mêmes, voir qu’ils baissent, alors pas besoin d’épargner et d’investir puisque notre argent prendrait de la valeur en restant dans notre portefeuille (si les prix baissent, 1€ de demain permettra d’acheter plus que 1€ d’aujourd’hui).

Les entreprises, elles, ne vendraient plus leurs produits puisque les gens ne dépenseraient plus, ce qui entrainerait des faillites. Ces faillites engendreraient du chômage, ce qui ferait moins de consommations, etc. Et en parallèle, moins d’entreprises et moins de travailleurs égale moins de revenus pour l’État, donc moins d’aides pour essayer de contrer tout ça… bref, c’est la catastrophe !

« Mais alors je ne comprends plus rien moi, si l’inflation est nécessaire, pourquoi elle fait peur aux investisseurs ? »

Attention, quand je dis que l’inflation fait peur aux investisseurs, je parle plutôt de l’hyperinflation : une hausse importante et généralisée des prix de tous les produits et services.

Si l’inflation est généralisée et qu’elle touche tous les secteurs en même temps, alors toutes les matières premières qu’une entreprise utilise coûtent plus cher, les salaires de ses employés augmentent, le coût du transport aussi, etc.

En bref, tous les coûts de production augmentent et ne peuvent pas tous être répercutés sur le prix final, sous peine de ne plus rien vendre.

Les marges de l’entreprise diminuent donc et par conséquent, ses profits.

En conclusion, l’investisseur étant rémunéré grâce aux profits des entreprises qu’il possède, l’inflation lui fait perdre de l’argent en faisant perdre des profits à son entreprise.

Mais l’État (et l’économie) ont besoin d’inflation…

Pour finir sur le sujet de l’inflation, parlons rapidement de l’État.

L’État, lui, a besoin de l’inflation. En restant raisonnable bien évidemment, pour éviter une chute complète de son économie comme nous en avons discuté plus haut. Mais alors pourquoi ?

L’État a des dettes, beaucoup de dettes. Or, lorsque l’argent perd de sa valeur, la dette d’hier « vaut moins cher » aujourd’hui.

L’inflation pousse aussi à la consommation, puisque si les prix augmentent, autant acheter aujourd’hui plutôt que demain, quand les prix auront augmenté. La consommation que l’État taxe via la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée).

Les sociétés croient et font plus de bénéfices, que l’État taxe via l’impôt sur les sociétés.

Les ménages ont plus d’argent dû à l’augmentation des salaires, que l’État taxe via l’impôt sur le revenu.

L’inflation permet à l’État d’engranger beaucoup plus de revenus (puisqu’il taxe à tous les niveaux) et par conséquent de rembourser sa dette plus facilement.

 

En résumé, l’économie d’un pays se situe constamment entre deux eaux.

D’un côté, elle a besoin d’un petit peu d’inflation pour fonctionner correctement : pousser les ménages à consommer et réduire le poids de la dette de l’État.

De l’autre, un emballement de cette inflation (hyperinflation) ruinerait complètement le pays. Rendez vous compte, au Venezuela, qui vit toujours aujourd’hui une période d’hyperinflation, celle-ci a été de 400 000% en 2018. Si on fait l’équivalent avec l’euro, c’est-à-dire que 4000€ au 1er janvier 2018 valait 1€ au 1er janvier 2019. En savoir plus sur le Venezuala.

J’espère que le concept d’inflation est maintenant plus clair pour vous, j’ai essayé de le simplifier au maximum dans cet article. Si vous avez des questions ou que vous souhaitez en savoir plus, je suis là en commentaire pour vous répondre.

 

Vous aimerez aussi l’article : Combien faut-il pour être libre financièrement ?

2 Commentaires

  • Michel
    Publié le 11/02/2022 à 13:44

    Bonjour
    Je ne comprends pas ce passage : « Les entreprises, elles, ne vendraient plus leurs produits puisque les gens ne dépenseraient plus, ce qui entrainerait des faillites ».
    Il faut comprendre « moins » à la place de « plus » ? Si l’argent vaut plus cher les besoins persistent mais il faut juste dépenser moins pour les obtenir ? Alors en quoi serait ce un pb ?
    Merci

    • Auteur de l’article
      Le Coq de Wall St
      Publié le 20/02/2022 à 18:06

      Bonjour Michel,

      La déflation entraîne une baisse généralisée des prix.
      Mais dans ce cas, pourquoi acheter un nouveau téléphone maintenant si l’on sait qu’il vaudrait moitié moins cher dans 6 mois? Je prends là un cas extrême bien évidemment. La déflation pousse les consommateurs à attendre avant d’effectuer leurs achats. Sauf que les entreprises, elles, ont besoin d’argent pour payer leurs loyers et les salaires de leurs employés. Ne touchant plus cet argent, elles sont obligées de licencier, de quitter certains locaux, créant du chômage et des lieux vacants (donc perte de revenus pour les loueurs).
      Je simplifie les choses pour la compréhension, vous pouvez aussi lire cet article du ministère de l’économie.

      Je parle ici de déflation due à une augmentation de la valeur de la monnaie.
      Il existe par ailleurs de la déflation due aux progrès scientifiques et technologiques, et celle-ci est continue et souhaitable. Je pense que c’est à celle-ci dont vous pensez dans votre commentaire.
      Les progrès techniques permettent de faire baisser les coûts de production, les coûts de recherches, etc. et cela profite au plus grand nombre.

      C’est un sujet complexe, mais j’espère qu’il est plus clair pour vous désormais.

      À très bientôt.

Laisser un commentaire